Frémissements… Nouveau directeur de la fiction à France 2: Jean Bigot. Nouveau responsable des fictions « société »: Harold Valentin.
C’est une bonne nouvelle pour DMM City!
Frémissements… Nouveau directeur de la fiction à France 2: Jean Bigot. Nouveau responsable des fictions « société »: Harold Valentin.
C’est une bonne nouvelle pour DMM City!
Las Vegas. Je suis dans ma chambre d’hôtel. A Paris, tout le monde s’agite: il est question de faire entrer un nouveaux producteur dans la danse de DMM City : Jérôme Minet.
J’écris à mes producteurs, Sophie Goupil et Serge Lalou:
Je suis resté à Las Vegas. Après quelques jours d'adaptation - c'est Vegas tout de même - j'ai enfin trouvé mon rythme. J'ai sorti l'ordinateur, je me suis installé. Prêt au travail. Parlons sérieusement. Acceptons effectivement de suivre Minet, les yeux bandés (peut-être la tempête vous a-t-elle frappée?). Mais tirons-en le meilleurs parti et profit. J'ai fait les calculs et les comparaisons:
Au Circus Circus, la chambre coûte 31$ la nuit, auxquels il faut ajouter 9$ pour la connexion wi-fi et 12$ pour une voiture (une Pontiac, coupée, noire, question de standing). La nourriture n'est pas chère, comptons 30$ par jour par personne.
Après discussion, le Circus Circus est prêt à baisser le prix de la chambre à 29$ et la connexion Internet à 5$ si nous restons plus d'un mois.
Cela me paraît raisonnable. Cela me paraît correspondre au temps nécessaire (32 jours) à l'écriture du texte demandé.
Bien sûr, il y a le billet d'Yves, plus le surcoût de la modification de mon billet de retour. Mais Delta Airlines (presque en faillite) pratique des prix très avantageux. Et le dollar est si faible par rapport à l'euro.
Je vous laisse faire le total et le communiquer à Minet.
Faites-moi parvenir sa réponse par email Signalez-lui toutefois que chaque jour qui passe augmente mes faux-frais et retarde d'autant la négociation officielle avec le Circus Circus.
Quant à la fièvre du jeu - c'est Vegas tout de même - ne vous en faites pas, j'ai trouvé une forme de martingale qui me permet de ne perdre que 2$ par nuit (en comptant qu'ils offrent deux verres de Wild Turkey aux joueurs, c'est une affaire). Je les prends volontiers à ma charge.
Je vous embrasse.
Demain je pars pour Las Vegas, écrire un scénario. Un autre scénario, sans rapport aucun avec DMM City.
J’abandonne derrière moi les personnes et les représentations qui me sont familière. Adieu Doroteo. Dors bien, en espérant que ce ne sera pas de ton dernier sommeil. Mais là-bas, je retrouverai tes compagnons et leurs montures indiennes, laissant derrière eux un nuage de poussière alors qu’ils s’éloignent dans la plaine ou disparaissent derrière un défilé rocheux. Et si nous avons de la chance, et si nous sommes assez rapides, peut-être approcheront-ils de nous plutôt que de s’éloigner ? Sera-ce un bon augure ?
Faut rebondire. Alors on écrit des choses nouvelle. Une « note de propos ».
Juste en vrac pour ne pas oublier, quelques éléments pour ladite « note de propos »
PROPOS:
Questionnement sur la violence.
Questionnement sur le mythe.
Et au croisement des deux, comment naissent les héros sanguinaires d’aujourd’hui.
[cf. ancien dossier de présentation + notes]
VIOLENCE:
Espace de transgression. Violence sans motivation ni revendication.
Fuite en avant: les moyens augmentent sans cesse, les résultats baissent sans cesse.
La réaction à cette violence: policière primaire. Les autres qui pourraient réagir: Catherine et Valentine, décident de laisser faire, de suivre. Pas d’autres alternative à proposer. Dissolution de Catherine dans la violence des enfants. Altération de Valentine.
Altération aussi de Sean Penn et de son discours.
Mouvement social, évidemment, mais dépolitisation. [cf. rapport des RG commandé par Villepin: le communautarisme, présenté comme cause et non comme conséquence.]
Les enfants soldats….
Les perspectives, où se placent les émeutes d’octobre, les précédentes?
MYTHE:
Le héros sanguinaire.
Le mythe c’est Doroteo. Il n’est que la projection de ce que les autres voient en lui. Il calque son comportement sur leurs aspirations. Il devient le portrait qu’en a tracé les médias. Il devient ce que Fuentes cherche obsessionnellement à son sujet. Il devient, il est, il est dépassé, il court pour être au premier rang.
Sean Pean et les îcones de l’histoire.
CONCLUSIONS
Le mythe est-il soluble dans la violence? Non, la violence l’amplifie.
La violence est-elle nuisible? Non, elle est d’autant plus indispensable qu’elle est inutile: le charme des causes désespérées…
S’il y a un enseignement concret à tirer des discussions avec Fabrice de la Patellière, c’est bien celui sur la désignation de DMM City.
Le mot « série » est réservé à quelque chose de très étroit, très formaté, dans lequel les interlocuteurs ne voient que les codes définis. « Engrenages » est ce qui peut se faire de plus innovant en terme de série.
Le terme « feuilleton » est sorti du vocabulaire, il ne veut tout simplement plus rien dire (il ne sert plus qu’à désigner « Plus belle la vie » sur France3).
Reste le terme de « mini-série » qui désigne des format aussi variés que 2×90′ ou 8×100′. Le seul point commun étant histoire close, hors cadre de la série traditionnelle. Il existe une variante, sans doute assez adaptée à DMM City: « mini-série de prestige« .
Je pense donc qu’il faut trancher: s’accorde-t-on sur « DMM City est une mini-série de prestige de 8×90′« ?
L’écriture de DMM City s’arrête.
Après nous avoir soutenu au début de l’aventure Canal+ s’est désengagé.
Nous attendons.
Nous créons ce blog.
Hier, premiers coups de feu tirés sur les forces de l’ordre.
Les émeutes s’étendent à Nancy.
Contrairement aux chaînes françaises, CNN diffuse de très nombreuses interviews des jeunes dans les cités. Nombre d’entre eux répondent en anglais à la journaliste. Etonnement, la concentration nécessaire pour ce faire modère le discours. Les mômes autour sont étonnement plus calme quand l’interviewé s’exprime en anglais (respect de son effort?).
Des incidents à Clichy-sous-bois. Une semaine plus tard, les voitures brûlent dans douze villes de la banlieue parisienne.
Ces échos successifs ressemblent furieusement à ceux que nous avons mis en place dans DMM.
Et plus encore…
Je regardais hier la chaîne parlementaire. Les députés s’écharpaient, se déchiraient, s’accusaient mutuellement. Plus insensé que dans ces bribes que surprend Catherine Guérin avachie dans sa chambre d’hôtel.
La présentation des événements par CNN résonne comme celle que nous avons imaginée. « Riots in France » est le titre principal de WoldNews depuis trois jours, loin devant « The bird flu ». Images sensationnelles et commentaires lapidaires à l’appui.
Idem sur Al Jazeera. Les commentaires en arabe s’enchaînent sur les images des voitures en feu.
Thomas dit:
Une question précise pour commencer: Fuentes a-t-il vu le visage du sous-commandant Marcos?
Je réfléchissais ce matin autour de cette idée justement. Marcos, Saddam Hussein, Kadhafi, Chirac, Bush, Sarkozy, Sean Penn.
Insensiblement (parfois très sensiblement), nous avons glissé des références issues de la réalité dans le texte. A mon sens, ce n’est pas anodin, nous tentons de donner de la réalité à cette situation incroyable en la plaçant dans un contexte concret.
Cette idée « d’anticipation politique » me gêne aux entournures. Comme si cette prospective annoncée mettait finalement (et paradoxalement) la réalité de la situation hors-jeu.
Et si nous raisonnions à rebours: cette histoire est arrivée. Ca s’est passé en 2005, à l’époque où Chirac et Sarkozy étaient à l’Elysée et place Beauvau. A l’époque où… ????
Je ne sais pas, c’est une réelle interrogation.
Et puis, une autre idée, plus ponctuelle, me trottait en tête. Et si… la montée sur Paris se déroulait en novembre 2004 (ce serait Villepin à l’intérieur et non Sarkozy). L’événement déclencheur de la montée serait: l’agonie d’Arafat -> Sean Penn rapplique à Paris en fanfare pour rencontrer le leader Palestinien. Et la charge sur Paris se déroule en parallèle avec les honneurs militaires rendus à Arafat à Villacoublay et à Rammalah. Une telle idée ancrerait certainement tout cela dans une réalité… comment dire… très réelle.
Mais peut-être l’événement n’est-il pas assez spectaculaire… et un peu trop signifiant. Parlons-en.
Yves répond:
« L’anticipation politique » nous sommes pile dedans, avec ses pièges, quelle attente ?
Pour la question précise : Fuentes connaît bien Marcos… Et pour aller plus loin, en me posant justement les questions trame du passé, j’ai eu les mêmes problèmes que tu évoques. Nous avons à nous justifier, ce n’est pas le ressort d’un feuilleton, même d’anticipation politique. La force du feuilleton est de dire : ceci est arrivé et nous allons vous raconter de quelle façon ça c’est passé puisque nous nous savons tout, sinon c’est un sitcom, plus belle la vie. Et même le côté « nous allons vous dire ce qui se passerait si… » n’est pas réaliste ou crédible, car nous n’allons pas anticiper sur le comportement d’un Sarkozy prenant la tête des armées et destituant le président ou je ne sais quoi. Nous racontons une majorité de faits qui ont eu lieu, Fuentes et son enquête, Marcos, Ross, Sean Penn, il serait assez logique de prétendre que tout a eu lieu, mais nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Pourtant nous savons bien que ce serait plus facile à défendre que prétendre dire ce qui va ou même pourrait se passer, y compris vouloir montrer le fonctionnement de l’état dans six mois, les armes de la police dans six mois, etc, nous serons de toute façon à côté de la plaque (d’un point de vue strictement crédible ou réaliste).
La question est posée. La lecture sera précieuse avec ça derrière la tête.
Robin Koutemania (11 ans)
Robin bénéficie de l’aura de son grand frère. L’ancien champion de judo. Du haut de ses douze ans, il promène la même carrure massive que lui. Sans doute pas la même ténacité. Le réseau du grand frère, de ses amis, lui donne les coudées franches. Pas autant que s’il avait été dans la dope, évidemment, mais assez pour que Robin soit tranquille dans les cours et les coursives de la cité.
L’univers de Robin, c’est celui des bancs, des cages d’escalier, du centre commercial. Réfractaire aux chaises de l’école et à l’appartement familial surpeuplé. Mais si le grand frère n’habite plus avec eux, le F3 est bien encombré : le père, la mère, les deux autres frères et la grand-mère maternelle qui l’étouffe de son affection.
Accolé au centre commercial, se dresse un grand hangar dans lequel les cadres et les jeunes de la ville proche s’adonnent au paint-ball. En treillis, bardés de protections, ils se canardent à longueur de week-end. Inabordable aux mômes de la cité. Mais c’est un ami du frère de Robin qui tient la caisse le dimanche. Il laisse le môme se glisser à l’intérieur. Il est agile et vif, il connaît les coins et les recoins. Même s’il est loin de l’âge réglementaire, les participants se battent pour l’avoir dans leur équipe. Mais Robin préfère jouer les francs-tireurs. Il prend un malin plaisir à viser et à toucher là où il sait que les protections sont les plus faibles : derrières les genoux, dans la nuque.
Doroteo le repère immédiatement. Robin est trop heureux de trouver quelqu’un qui voit en lui des qualités là où tout son entourage ne voyait que flemme et perte de temps.
Nadège (12 ans)
Les cheveux noirs de Nadège sont attachés en une queue de cheval serrée sur laquelle David, installé derrière elle, reste fixé. Lorsqu’elle se retourne, ils échangent un regard. Pour regarder le film, elle porte ses lunettes, mais David s’en moque.
Objectifs:
Problèmes:
Propositions:
Fabrice de la Patellière a dit « oui ».
« Oui ».
Nous devons écrire, nous devons convaincre.
Quel document?
Nous l’ignorons, tout le monde l’ignore… il y a si peu de nouvelles séries qui se créent en France que nous devons être inventifs.
Pas encore les scénarios des 26 épisodes… nous en sommes encore loin. Un document intermédiaire.
Soyons créatifs!
David (12 ans)
David a douze ans et il est amoureux de Nadège. Ca ne veut pas dire grand-chose. Pas d’histoire d’amour dans la cité. Il fait comme les autres, il traîne avec ses copains. Impossible même d’en parler, de l’évoquer. Instinctivement, il sait qu’il serait la risée de ses camarades, il sent qu’il mettrait en danger Nadège. Une fille qui embrasse un garçon, c’est une traînée, une moins que rien.
C’est sans doute pour cette raison que David aime tant l’école. Là, les règles sont différentes. Là, chaque jour, il passe plusieurs heures dans la même pièce que Nadège. Ils peuvent échanger quelques regards.
C’est le cours de Sciences Naturelles qu’il préfère. C’est la seule professeur qui a réussi à couper court aux réflexions machistes, qui a réussi à tenir ceux des amis de David qui la ramenaient le plus. Il se rappelle comment elle a tenu tête aux rires puis aux sifflets lors du premier cours sur la reproduction humaine. Et même s’il sifflait lui aussi, même s’il était choqué lui aussi, il a senti que ce que cette prof imposait quand elle mettait fins aux sifflets était plus important qu’un simple cours d’anatomie.