Bling

« Bling »…

Depuis des mois nous tournons autour. Las Vegas. Le désert du Nevada. Les essais atomiques américains. Le jeu. Les néons.

Plusieurs fois j’étais à Las Vegas.

Plusieurs fois j’ai écrit Las Vegas: « Parole de pirate! », « The TB project ».

Nous avons lu « Zeropolis » de Bruce Begout, livre indispensable sur la question.

Nous avons vu mille et un film (dont le très étonnant « Funny bones », hier encore).

Et nous avons décidé à la fin de l’année dernière de lancer un projet qui aurait Las Vegas comme décor et le poker comme sujet.

[La nouvelle apparence du site n’est pas tout à fait étrangère à ceci.]

A suivre…

Nous avons vu « Parc » hier

Autant commencer par une phrase simple : « Parc », de Arnaud des Pallières, est exemplaire et remarquable.Le film est d’une très haute tenue. A l’exception d’Arnaud, personne en France, n’est capable de se hisser à cette position (il y a trente ans, peut-être y en avait-il quelques-uns). C’est sans doute cela qui exaspère la critique : « Comment donc des Pallières ose-t-il jouer dans la cour des grands ! ». Les critiques auraient sans doute encensé le film s’il avait été réalisé par un Gus Van Sant ;  des Pallières est à ce niveau d’exigence et de compréhension du cinéma.

Nous avons été heureux et étonnés de retrouver une thématique qui nous est chère (notre lecture du film est fortement orientée) : cette violence, au centre du film, que nous ne pouvons comprendre parce qu’elle ne s’inscrit pas dans une suite logique de causes et d’effets et qui n’est pourtant en aucun cas gratuite.
Sans vouloir nous mettre, Yves et moi, sur le même plan, j’avais l’impression pendant toute la première partie du film, d’être face au hors-champ (cinématographique) de « DMM City » ; ou que « DMM City » était le hors-champ (télévisuel) de « Parc ». Troublant et réjouissant.

J’apprécie, ô combien, que le film ne cède pas à la facilité du thriller qui l’aurait dénaturé. Et en ce sens, j’ai des réserve contre la bande annonce, qui suggérait cette direction.

Je trouve le positionnement politique du film très juste. Je  retrouve une caractérisation de la bourgeoisie qui s’inscrit, à mon avis, très bien dans une perspective de lutte des classe, renouant ainsi avec une lecture sociale issue de la fin des années 60. Choix juste s’il en est lorsqu’on cherche des clés pour décoder cette violence exposée dans le film.

Par goût personnel, je regrette sans doute certains choix de dispositifs narratifs ou de mise en scène qui ont tendance à fermer le film à un plus large public plutôt qu’à l’ouvrir. Mais les regrets son ténus. Je comprends certains de ces choix et ne peux que convenir qu’ils sont les meilleurs. Le cinéma (par opposition à la télévision) est sans doute là pour cela, justement… faire les meilleurs choix quitte à fermer certaines portes.

Il y aurait mille autres choses à dire. Tel plan, telle idée, telle scène ; content, pas content ; intrigué ou emballé. Je m’arrête là.

Uchronie

Dans le dossier de présentation de « Bison 6 », nous parlons de l’uchronie en ces termes:

« UCHRONIE (n.f.) : utopie appliquée à l’histoire ; histoire refaite logiquement telle qu’elle aurait pu être. », dictionnaire Larousse, 1913.
L’uchronie consiste à introduire un événement de fiction dans une situation historique existante pour jouer avec les conséquences possibles.
Nous jouons l’uchronie lorsque les membres de notre expédition se retrouvent aux côtés du Président de Haute-Volta, le jour de l’indépendance, sur les images d’actualité projetées dans les cinémas parisiens. Ou comme lorsque Hemingway décide d’embarquer les rescapés de notre expédition dans son petit avion pour les emmener à la rencontre du militant indépendantiste Félix Moumié, caché dans la forêt équatoriale camerounaise. Ou encore lorsque l’écrivain blessé et alité imagine la fin de l’expédition comme une course poursuite effrénée jusqu’à Pointe-Noire au Moyen-Congo.
L’aventure et ses péripéties au rythme historique précis et juste de la chronique des indépendances, jusqu’à l’exagération, jusqu’à l’événement divergent cher à l’uchronie.

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« Gerboise bleue » devient « Bison 6 »

Sans crier gare, le feuilleton sur lequel nous travaillons depuis trois mois a perdu son titre.

Gerboise bleue. Les deux mots étaient devenus familiers. Leur emploi était quotidien. La relation était intime.

Gerboise bleue est le titre d’un film documentaire qui sortira en sall en février 2009. Nous avons vu le film. Je n’en dirai rien car je n’aime pas dire du mal.

Exit Gerboise bleue, donc. Nous avons opté pour Bison 6. Tout aussi énigmatique. Ancré dans le monde de l’espionnage pour les initiés.

Il va falloir habituer nos bouches à prononcer ces deux nouveaux mots.

Un réalisateur pour « Gerboise bleue »

Nous cherchons un réalisteur pour Gerboise bleue.

Nous sélectionnons et visionnons des films. Nous cherchons une clé qui nous donnerait envie de faire lire le projet.

L’Afrique, Sarajevo, Beyrouth, Buenos Aires, le mélange entre fiction et documentaire, budgets serrés la plupart du temps, équipes réduites, on est bien dans les problématiques de Gerboise bleue
Voir ces films et penser à ces réalisateurs est pertinents, cela fait avancer notre réflexion, notamment sur les spécificités du projet.
La qualité essentielle après laquelle nous courons est une capacité de recul et de mise à distance. De l’humour, de la légèreté, de la désinvolture et de la dérision.

Synthèse des films visionnés

Voici quelques impressions à la volée, synthèse de nos visionnages (nous ne sommes pas toujours d’accord).

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Bombe atomique

Les pays d’Afrique se battent pour leur indépendance, alors que la France tente de négocier le tournant de la modernité.

Symbole de cette modernité affirmée, la première bombe atomique française explose cette même année 1960 à Reggane, nom de code: « Gerboise bleue ».

Nous cherchons une manière de lier le récit que nous écrivons à cet événement. Lier les indépendances africaines à Gerboise bleue.

Pour un autre projet, je revois Stravisky de Resnais. Je note le dernier dialogue, qui lie très élégamment l’expulsion de Troski de France à l’affaire Stravisky. Et je rêve que nous trouvions quelque chose d’aussi efficace pour notre problème.

– Voilà, ils vont expulser Trotski. Mais c’est en France que le sort de la bataille contre le fascisme va se décider. Trotski ne sera pas là. Sans lui, nous allons nous éparpiller. C’est fou quand même, que Stavisky ait provoqué ça.
– Je ne vois pas le rapport.
– Sans Stavisky, pas de 6 février. Sans l’émeute fasciste du 6 février devant laquelle Daladier capitule, pas de gouvernement d’Union nationale. Sans gouvernement d’Union nationale, pas d’expulsion de Trotski. Donc, sans Stavisky…

Quoi qu’il en soit, « Août 1960 » s’appellera dorénavant « Gerboise bleue ».

« Escales africaines »

Il y a bien longtemps, en 1989, Yves Nilly avait écrit un feuilleton pour France Culture intitué « Escales africaines ».

Nous cherchons un nouveau sujet depuis quelques semaines. Nous discutons, revenons sur les thématiques qui nous sont chères.

Yves est venu me rejoindre dans ma campagne ce week-end et il m’a apporté le texte du premier épisode de ce lointain feuilleton.

Au commencement, le ciel était tout proche de la terre. En ces temps, les hommes n’avaient pas besoin de travailler le sol, car quand ils avaient faim, il leur suffisait de déchirer un coin du ciel et de le manger.

Le feuilleton se déroule pendant l’été 1960, en Afrique. C’est l’été de tous les espoirs: en l’espace d’un mois, 12 pays obtiennent leur indépendance.

Nous parlons à batons rompus, en nous promenant sous les arbres. Nous croisons les envies. L’idée de « Août 1960 » (c’est le nom provisoire que nous donnons à cette série) germe.

Aix-les-Bains / Réalisateur

Tout le petit monde de la télévision est très agité. Ils n’ont qu’un seul mot à la bouche: directeur artistique.
C’est lui qui donnera son identité visuelle à la série. C’est lui qui sera capable de se projeter dans l’avenir pour que la série soit encore au goût du jour au moment de son arrivée à l’antenne, parfois deux ou trois ans après sa création.
En définitive, ils nous parlent d’un réalisateur. Non?

A ces réflexions agitées s’est ajoutée la présence des Québécois. Minuit, le soir, de Pierre-Yves Bernard (le scénariste) et de Podz (le réalisateur). Un certain émoi a parcouru Aix-les-Bains. Très bonne direction d’acteur, réalisation, image, son… C’est bien. C’est homogène. Pour le dire simplement: on sent qu’il y a un réalisateur là-derrière.

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Aix-les-Bains / « La Commune »

A Aix-les-Bains, nous assistons à la projection du premier épisode de « La Commune ».

Réussi et intéressant.
Cela crée un précédent en terme de représentation de la banlieue et de sa violence. Cela nous en dégage et nous permet d’aller plus franchement en direction du romanesque et du rocambolesque, en direction de la fiction épique. A cheval, tout immédiatement!
A eux la reconstitution sociale, à nous l’essence de la fiction!
Nous ne pouvons pas faire comme si ça n’existait pas: ne le faisons pas. Et merci FDLP!
La qualité de réalisation et de narration est bonne. La série se démarque très largement de tout ce que nous avos vu. Cela nous permet et nous impose un pas de plus dans la direction de l’innovation.

Aix-les-Bains / La télévision a changé

Nous sommes à Aix-les-Bains. Nous y rencontrons les autres scénaristes qui, comme nous, écrivent pour la télévision. Ils ont l’air très sérieux. Et ça ne les empêche pas parfois, de dire des choses intéressantes. Surtout lorsqu’ils sont canadiens!

La manière de regarder la télévision a profondément changé.

Pendant des années on a seriné la leçon suivante : il faut capter l’attention, il faut pallier au défaut d’attention, répéter encore et encore les informations clés pour être sûr qu’elles atteignent les spectateurs.

Mais aujourd’hui, le spectateur enregistre, le spectateur regarde la fiction sur DVD ou en VOD, il la télécharge : il choisit le moment où il regarde, il choisit de consacrer son attention à ce qu’il regarde.

Ce changement de comportement se conjugue avec la généralisation de la HD et des écrans plats. Ce phénomène est bien moins technologique et anecdotique qu’on peut le penser. La taille des écrans augmente. 1 mètre de base, en moyenne, pour ceux vendus aujourd’hui ; 1,80 mètre pour ceux qui seront vendus en 2010. Dans ces conditions, la qualité de diffusion est très proche du cinéma.

Ces deux éléments conjugués sont les raisons principales d’un nécessaire changement de la production de fiction pour la télévision. Autant sur le fond (qualité de l’attention) que sur la forme (qualité de la chaîne de diffusion). La fiction à télévision ne peut plus être ce qu’elle était. Elle se rapproche aujourd’hui du cinéma.

S’il est besoin d’un exemple pour étayer ce raisonnement, citons l’expérience américaine (pour changer !). Aux États-Unis, ce double changement est intervenu au début des années 2000. La télévision américaine a pris ce virage, s’adaptant aux changements de comportement et aux évolutions technologiques. Et c’est précisément l’époque où l’écart entre les séries américaines et les séries françaises s’est creusé. Vingt ans plus tôt, il y avait très peu de différence entre un Navaro et un Colombo. Regardons aujourd’hui le fossé entre un Louis la Brocante et un Jack Bauer…

Au travail

Un mois de négociation et de discussion.
Discussions financières. Discussions méthodologiques.
Demain, nous reprenons le travail: l’écriture de douze synopsis développés et séquencés, donc.

250 pages, 500 séquences.
Réorganiser, découper, écrire: créer un feuilleton. Le feuilleton.

Un moins pour mettre tout à plat. Puis, discussion avec les producteurs et validations de nos choix (!).
Trois mois supplémentaires pour pondre le document.

Rendu à France2 fin janvier 2008!

Moustache

Je me laisse pousser la moustache.

Ses cheveux ont l’air d’être peignés avec un marteau pied-de-biche, et il a une de ces moustaches tombantes de bandit mexicain que plus personne ne porte, pas même le bandit mexicain moyen. En 1979, le reste du monde a continué de tourner, mais Billy ne s’en est pas aperçu.
Dennis Lehane – Un dernier verre avant la guerre.

Je suis sûr que la moustache nous portera chance.

Le travail d'écriture de Thomas Cheysson