Nous sommes à Aix-les-Bains. Nous y rencontrons les autres scénaristes qui, comme nous, écrivent pour la télévision. Ils ont l’air très sérieux. Et ça ne les empêche pas parfois, de dire des choses intéressantes. Surtout lorsqu’ils sont canadiens!
La manière de regarder la télévision a profondément changé.
Pendant des années on a seriné la leçon suivante : il faut capter l’attention, il faut pallier au défaut d’attention, répéter encore et encore les informations clés pour être sûr qu’elles atteignent les spectateurs.
Mais aujourd’hui, le spectateur enregistre, le spectateur regarde la fiction sur DVD ou en VOD, il la télécharge : il choisit le moment où il regarde, il choisit de consacrer son attention à ce qu’il regarde.
Ce changement de comportement se conjugue avec la généralisation de la HD et des écrans plats. Ce phénomène est bien moins technologique et anecdotique qu’on peut le penser. La taille des écrans augmente. 1 mètre de base, en moyenne, pour ceux vendus aujourd’hui ; 1,80 mètre pour ceux qui seront vendus en 2010. Dans ces conditions, la qualité de diffusion est très proche du cinéma.
Ces deux éléments conjugués sont les raisons principales d’un nécessaire changement de la production de fiction pour la télévision. Autant sur le fond (qualité de l’attention) que sur la forme (qualité de la chaîne de diffusion). La fiction à télévision ne peut plus être ce qu’elle était. Elle se rapproche aujourd’hui du cinéma.
S’il est besoin d’un exemple pour étayer ce raisonnement, citons l’expérience américaine (pour changer !). Aux États-Unis, ce double changement est intervenu au début des années 2000. La télévision américaine a pris ce virage, s’adaptant aux changements de comportement et aux évolutions technologiques. Et c’est précisément l’époque où l’écart entre les séries américaines et les séries françaises s’est creusé. Vingt ans plus tôt, il y avait très peu de différence entre un Navaro et un Colombo. Regardons aujourd’hui le fossé entre un Louis la Brocante et un Jack Bauer…