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Bérurier Noir – Mourir à Paris (2015)

Morceau composé après l’attentat contre Charlie Hebdo, en janvier 2015. Libéré publiquement le 14 novembre 2015, en hommage aux victimes de cette nuit.
A nos ami.e.s du Bataclan, du Petit Cambodge, de Charonne et de la Fontaine au Roi…
A nos sœurs et frères d’Irak, de Syrie, du Liban, de Libye et d’ailleurs qui vivent ces atrocités au quotidien.
www.beruriernoir.fr / www.archivesdelazonemondiale.fr

En un instant tout est parti
Les assassins sont dans Paris
Chargés d’une haine inassouvie
Propagateurs d’une tyrannie

En un instant bref de la vie
Tout est parti, tout est fini
Pourquoi, comment, se sont-ils dits
L’image provoque une telle tuerie ?

Pour les profanes ou les prophètes
Où sont les dieux, où est la fête ?
La lumière douce de l’amitié
A disparu dans l’encrier

Prédicateurs de malheur
Fabrication de la terreur
Ni dieu ni maître ni feu ni fer
Pourquoi les hommes font-ils la guerre ?

Miroir des conflits du Levant
Déracinement de nos enfants
Les va-t-en guerre, aux dents de sang
Se foutent des peuples innocents

Démocratie ou barbarie
Que restent-ils de nos vies ?
Ni soumission ni inconscience
Lève le crayon de l’espérance (bis)

Il n’y a pas de guerres saintes
Il n’y a pas de guerres justes
Il n’y a que des guerres sales
Aux frappes chirurgicales

Il n’y a pas de guerres saintes
Il n’y a pas de guerres justes
Il n’y a que des guerres lâches
La souffrance des otages

Il n’y a pas de guerres propres
Il n’y a pas de guerres justes

Demande à tous ces morts
Quel était donc leur tort ?

Bérurier Noir

Pendant les repérages, le « catéchisme du révolutionnaire » de Netchaïev à la main et les pulsions folles des groupes de punk-rock dans l’autoradio, nous avons souvent sillonné les routes du film que nous imaginons. Enola était du voyage, allongée sur la banquette arrière, nos enfants à elle seule. Elle trouvait parfois que nous étions des viocs, mais on en connaît un rayon côté musique et nous, les Sex Pistols et Bérurier Noir, on les a vus en concert, alors qu’elle remette son casque sur les oreilles et regarde les paysages.

Ce n’est pas une simple déclaration d’intention. Dans notre futur film, la musique et les paroles jouent un rôle très important. Bérurier Noir : Enola chante les paroles de leurs chansons, bouge et danse en écoutant leur musique, elle les rencontre et assiste au concert qu’ils donnent en Pologne.
Bérurier Noir colle à l’histoire que nous imaginons. Arrivée tardive sur la scène punk (comme Alexandre sur celle des exécuteurs). Mise en sommeil et disparition programmée en 89. Réapparition inattendue à trois reprises depuis : trois concerts durant lesquels se sont rassemblés 50.000 spectateurs, génération d’Alexandre et d’Enola confondues. Comme les espions, le groupe est enveloppé d’une aura mythique et mystérieuse.
Bérurier Noir colle au chaos du film. Colère, violence, brutalité de la musique punk. Une musique qui ne suit pas le vent et sème brutalement la tempête. Nous l’utiliserons comme un élément du film (c’est la musique dans le film, pas la musique du film).
Enola en chantera des couplets pendant le film. Elle les utilisera comme un masque à ses propres sentiments, et comme une arme. Parfois elle criera, parfois elle se fera plus mélodique ou plus douce que le morceau d’origine. Pour la plus grande part, elle les chantera à cappella.
Nous entendons déjà des bribes s’échapper de ses écouteurs.
Dans la maison en Beauce, dans la voiture pendant le voyage : quelques bouffées des morceaux, à plein volume. Ils seront toujours des rappels de ce qu’elle a chanté auparavant ou de ce qu’elle chantera par la suite.
Nous plongerons aussi dans un concert de Bérurier Noir. Fracas sonore assourdissant, violence joyeuse et déjantée. À travers des images de leur concert d’adieu à l’Olympia en 89, qu’Enola regardera sur un vieux téléviseur à Berlin. Mais aussi, nous l’espérons, à Poznań, où le mythe rejoindra la réalité : Enola pourra plonger dans la foule et participer à un pogo effréné face aux vrais, aux vieux de Bérurier Noir.

Nous avons rencontré Loran, le (vrai, le vieux) guitariste des Bérus. Nous lui avons raconté l’histoire. Il a écouté de manière acérée, pertinente (si seulement tout le monde pouvait être à ce diapason…) et enthousiaste. Au début, l’association espion/punk le laissait perplexe. Ce n’est plus le cas. Il trouve l’idée haletante et juste. Nous sommes heureux d’avancer avec lui!