Archives par mot-clé : Les Poissons Volants

Effondrement de l’URSS, les années chaos

J’avais rencontré Denis Sneguirev il y a quelques années, alors qu’il terminait un documentaire sur Marius Petipa, le maître français du ballet russe. J’avais adoré travailler avec lui. Tout est simple, efficace et passablement intelligent.

Il est revenu me voir avec un nouveau projet, autour de la disparition de l’URSS. Que dire de plus: c’est un sujet parfait.

En août 1991, l’Empire soviétique s’est effondré.

Ce colosse, dont la puissance avait surplombé le monde pendant près d’un siècle, révélait ses pieds d’argile.

Un coup d’État avorté, le pouvoir qui change de mains : quelques journées de portée symbolique qui révèlent la faillite préexistante et les problèmes endémiques qui minaient le pouvoir soviétique.

À partir de là… on abolit toutes les règles et on avance au fur et à mesure.

Que se passe-t-il lorsqu’un État disparaît ?
Lorsqu’il n’arrive plus à financer ni à gérer le territoire dont il a la charge ?

Que deviennent les professeurs sans salaire ?

Les fonctionnaires sans revenu ne sont-ils pas tentés de fusionner leurs activités avec celles des caïds ?

Qui s’occupe de la sécurité de l’arsenal nucléaire et de sa maintenance ?

Et la culture, qui s’y intéresse encore ? On balaie tout et on (re)construit sur les ruines !

« Votre film post-punk »

« Votre film post-punk… » le mot a été lâché par la productrice.

Les espions sont-ils des punks ? Notre Alexandre est-il punk ?

Exécuter des gens pour profession est une forme très concrète de nihilisme. « Le révolutionnaire ne connaît qu’une science : celle de la destruction » affirme Netchaïev — expert s’il en est en matière de nihilisme — dans son « Catéchisme du révolutionnaire ». Alexandre peut revendiquer chaque mot de ce bréviaire de la destruction, sa violence a été forgée à bonne école.

Alexandre a quarante ans, l’âge de la « seconde génération punk ». À l’ouest, les jeunes de son âge écoutaient encore les Sex Pistols ou plutôt Bérurier Noir. Les morceaux des groupes punks étaient rapides, nerveux et brutaux, trois adjectifs qualifiant parfaitement les exécutions du Smersh. Alexandre et les punks parlent un même langage. Le punk est destructeur, tout comme l’exécuteur. Les Smersh, des illégaux (même parmi les espions), ne doivent pas même exister. Ils appartiennent aux minorités invisibles, comme les punks : mis à l’index.

Email aux producteurs

Las Vegas. Je suis dans ma chambre d’hôtel. A Paris, tout le monde s’agite: il est question de faire entrer un nouveaux producteur dans la danse de DMM City : Jérôme Minet.

J’écris à mes producteurs, Sophie Goupil et Serge Lalou:

Je suis resté à Las Vegas. Après quelques jours d'adaptation - c'est Vegas tout de même - j'ai enfin trouvé mon rythme. J'ai sorti l'ordinateur, je me suis installé. Prêt au travail. Parlons sérieusement. Acceptons effectivement de suivre Minet, les yeux bandés (peut-être la tempête vous a-t-elle frappée?). Mais tirons-en le meilleurs parti et profit. J'ai fait les calculs et les comparaisons:
Au Circus Circus, la chambre coûte 31$ la nuit, auxquels il faut ajouter 9$ pour la connexion wi-fi et 12$ pour une voiture (une Pontiac, coupée, noire, question de standing). La nourriture n'est pas chère, comptons 30$ par jour par personne.
Après discussion, le Circus Circus est prêt à baisser le prix de la chambre à 29$ et la connexion Internet à 5$ si nous restons plus d'un mois.
Cela me paraît raisonnable. Cela me paraît correspondre au temps nécessaire (32 jours) à l'écriture du texte demandé.
Bien sûr, il y a le billet d'Yves, plus le surcoût de la modification de mon billet de retour. Mais Delta Airlines (presque en faillite) pratique des prix très avantageux. Et le dollar est si faible par rapport à l'euro.
Je vous laisse faire le total et le communiquer à Minet.
Faites-moi parvenir sa réponse par email Signalez-lui toutefois que chaque jour qui passe augmente mes faux-frais et retarde d'autant la négociation officielle avec le Circus Circus.
Quant à la fièvre du jeu - c'est Vegas tout de même - ne vous en faites pas, j'ai trouvé une forme de martingale qui me permet de ne perdre que 2$ par nuit (en comptant qu'ils offrent deux verres de Wild Turkey aux joueurs, c'est une affaire). Je les prends volontiers à ma charge.
Je vous embrasse.