Bérurier Noir

Pendant les repérages, le « catéchisme du révolutionnaire » de Netchaïev à la main et les pulsions folles des groupes de punk-rock dans l’autoradio, nous avons souvent sillonné les routes du film que nous imaginons. Enola était du voyage, allongée sur la banquette arrière, nos enfants à elle seule. Elle trouvait parfois que nous étions des viocs, mais on en connaît un rayon côté musique et nous, les Sex Pistols et Bérurier Noir, on les a vus en concert, alors qu’elle remette son casque sur les oreilles et regarde les paysages.

Ce n’est pas une simple déclaration d’intention. Dans notre futur film, la musique et les paroles jouent un rôle très important. Bérurier Noir : Enola chante les paroles de leurs chansons, bouge et danse en écoutant leur musique, elle les rencontre et assiste au concert qu’ils donnent en Pologne.
Bérurier Noir colle à l’histoire que nous imaginons. Arrivée tardive sur la scène punk (comme Alexandre sur celle des exécuteurs). Mise en sommeil et disparition programmée en 89. Réapparition inattendue à trois reprises depuis : trois concerts durant lesquels se sont rassemblés 50.000 spectateurs, génération d’Alexandre et d’Enola confondues. Comme les espions, le groupe est enveloppé d’une aura mythique et mystérieuse.
Bérurier Noir colle au chaos du film. Colère, violence, brutalité de la musique punk. Une musique qui ne suit pas le vent et sème brutalement la tempête. Nous l’utiliserons comme un élément du film (c’est la musique dans le film, pas la musique du film).
Enola en chantera des couplets pendant le film. Elle les utilisera comme un masque à ses propres sentiments, et comme une arme. Parfois elle criera, parfois elle se fera plus mélodique ou plus douce que le morceau d’origine. Pour la plus grande part, elle les chantera à cappella.
Nous entendons déjà des bribes s’échapper de ses écouteurs.
Dans la maison en Beauce, dans la voiture pendant le voyage : quelques bouffées des morceaux, à plein volume. Ils seront toujours des rappels de ce qu’elle a chanté auparavant ou de ce qu’elle chantera par la suite.
Nous plongerons aussi dans un concert de Bérurier Noir. Fracas sonore assourdissant, violence joyeuse et déjantée. À travers des images de leur concert d’adieu à l’Olympia en 89, qu’Enola regardera sur un vieux téléviseur à Berlin. Mais aussi, nous l’espérons, à Poznań, où le mythe rejoindra la réalité : Enola pourra plonger dans la foule et participer à un pogo effréné face aux vrais, aux vieux de Bérurier Noir.

Nous avons rencontré Loran, le (vrai, le vieux) guitariste des Bérus. Nous lui avons raconté l’histoire. Il a écouté de manière acérée, pertinente (si seulement tout le monde pouvait être à ce diapason…) et enthousiaste. Au début, l’association espion/punk le laissait perplexe. Ce n’est plus le cas. Il trouve l’idée haletante et juste. Nous sommes heureux d’avancer avec lui!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *