Archives de catégorie : Expédition taxi-maboule

Expédition taxi-maboule

Feuilleton radiophonique de Thomas Cheysson et Yves Nilly
Dix épisodes mis en onde par Jean-Matthieu Zahnd
Diffusé par France Culture du 2 au 13 février 2015 à 20h30

 

Au cœur de l’été 1960, les colonies françaises d’Afrique noire s’apprêtent à célébrer leur indépendance.

Julien, dilettante des beaux quartiers, Patrice, frais émoulu de l’ultime promotion de l’École coloniale, accompagnés de Suzanne, ethnologue, et Xavier-Omar, étudiant en médecine martiniquais, débarquent à Dakar.

Ils ont imaginé un spectacle pédagogique itinérant qui célèbre près de deux cents ans de génie colonial français, tout en reconnaissant les méfaits et dérives de la France et de ses élites en Afrique.

Expédition taxi-maboule[1] raconte cet été 1960, historique et extraordinaire pour la France et l’Afrique, au fil d’une extravagante expédition qui vire à l’odyssée puis se disloque sous la fureur et les jets de pierre de villageois et dans le crash de l’aéroplane d’Ernest Hemingway, au fin fond de la forêt équatoriale camerounaise. La mèche est allumée, rien ne semble pouvoir l’éteindre. Au cœur d’une indépendance qui se conquiert désormais les armes à la main, les jeunes gens vont de rencontres étonnantes en aventures périlleuses. Traqués par les services secrets français, ils s’abandonnent à la violence de cet été africain de tous les dangers.

[1] Le taxi-maboule est une brouette qui sert à transporter les objets encombrants, du frigo à la grand-mère, et connu pour écraser tout sur son passage.

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Mise en onde

Mise en onde du feuilleton « Expédition taxi-maboule »:

 Réalisation  Jean-Matthieu Zahnd
Écriture Thomas Cheysson & Yves Nilly
Direction littéraire Emmanuelle Chevrière
Musique et chant André Ze Jam Afane
Kora et flûte Simon Winse
Guitare et percussions Seny Samb
Accordéon Johann Rich
Bruitages Bertrand Amiel

Équipe de réalisation: Philippe Bredin, Sébastien Labarre, Louise Loubrieu.

Casting du feuilleton

Casting du feuilleton « Expédition taxi-maboule »:

Ernest Hemingway  Jean-Paul Bordes
Xavier-Omar Jean-Christophe Folly
Julien Jonathan Cohen
Patrice Benjamin Bellecour
Suzanne Elodie Huber
Colonel Maurice R. Alain Fromager
Ahmed Abdel Aboualiten
Aboubacar André Ze Jam Afane
 Denise Y Jade Herbulot
 Félix Moumié Julien Bissila

Et aussi: Alain Aithnard, Pierre Baux, Jean Bediédbé, Pjilippe Bredin, Sophie Bezard, Lamine Diarra, Paulin Fodouop, Sébastien Labarre, Laurent Lederer, Manon Leroy, Louise Loubrieu, Babacar M’Bay Fall, Jonathan Man-zambi, Mariann Matheus, Pascal Nzonzi, Dominique Parent Jean-Baptiste Tiémélé, Tadié Tuéné.

Hemingway…

« C’est un livre extraordinaire, conclut Chum Boykins, agent littéraire chez Boykins Literary Agency, mais je ne vous apprends rien, bien sûr. […] Vous voulez un café ?
— Sucre, grogna l’ours, prononçant avec soin le mot le plus important de son maigre vocabulaire.
— Margaret, apportez-nous un café, voulez-vous, avec beaucoup de sucre. Merci. » Boykins sourit à l’ours. « Personne ne vous a jamais dit à quel point vous ressemblez à Hemingway ?
— Qui ?
— Qui, en effet ! Il se peut fort bien que vous soyez celui qui va le reléguer dans l’oubli. »

« L’ours est un écrivain comme les autres« , William Kotzwinkle, 1996, Éditions Cambourakis.

L'ours

« Watchmen » de Zack Snyder

Il y a quelques années, il y avait l’affreux 300. Un ennui profond. La direction d’acteur, la mise en scène, l’esthétique même: tout y est insistant.

Deux ans plus tard, en 2008, lorsqu’était sorti Watchmen, je n’y étais pas allé. C’était une erreur.

Avec Yves, nous travaillons depuis longtemps sur la notion d’uchronie (procédé consistant à introduire un événement de fiction dans une situation historique existante pour jouer avec les conséquences possibles). Nous avons peu de succès, trop déstabilisant et déroutant.

En 2007, Philip Roth écrit Le complot contre l’Amérique dans lequel il raconte la victoire de Charles Lindbergh contre Roosevelt aux élections présidentielles de 1940, la peur des Juifs américains, le refus des Etats-Unis d’entrer en guerre contre l’Allemagne nazie. Mais ça reste de la littérature, toujours difficile de convaincre qu’un procédé littéraire est transposable au cinéma ou à la télévision.

Revenons à Watchmen. Le scénario est exemplaire. Le prologue du film définit le postulat : une réalité américaine dans lequel il introduit des super-héros; lesdits super-héros participent à la fin de la guerre du Viêt Nam; les Etats-Unis remportent le conflit. Le film se déroule en 1986: Nixon a été réélu pour un troisième mandat.

Aucun complexe, remarquablement écrit. Simple et efficace. La réalisation reste très tape-à-l’oeil, mais le film emporte le morceau!

Changement de titre, encore…

Au-delà du titre de notre projet sur les indépendances en Afrique noire, « Bison 6 » qu’est-ce que c’est?

« Bison 6 » est le Service VI du SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage, ancêtre de la DGSE), créé juste avant l’indépendance des pays d’Afrique noire en 1960. Sa fonction officielle est d’assurer la protection des chefs de ces nouveaux états africains lorsqu’ils se rendent en métropole. Mais sa fonction officieuse et principale est de rassembler des informations compromettantes sur lesdits chefs d’Etat afin de pouvoir exercer d’utiles pressions. Un des outils de prédilection de « Bison 6 » est la compromission sexuelle. Officiel ou officieux, « Bison 6 » est illégal puisque le SDECE n’a censément pas le droit d’opérer sur le territoire français.

Certes, l’un de nos personnages est une des chevilles ouvrière de « Bison 6 », mais il reste un personnage annexe. La plus grande partie de l’histoire se déroule en Afrique et non à Paris des les coulisses du pouvoir gaulliste. « Bison 6 » est une fausse piste, nous l’avions choisi dans l’urgence au moment où nous avions été obligé d’abandonner « Gerbois bleue ».

Le projet s’intitulera donc « Expédition taxi-maboule ». Le taxi-maboule est une brouette qui sert à transporter les objets encombrants, du frigo à la grand-mère, et connu pour écraser tout sur son passage. Juste ce qu’il nous faut.

 

Uchronie

Dans le dossier de présentation de « Bison 6 », nous parlons de l’uchronie en ces termes:

« UCHRONIE (n.f.) : utopie appliquée à l’histoire ; histoire refaite logiquement telle qu’elle aurait pu être. », dictionnaire Larousse, 1913.
L’uchronie consiste à introduire un événement de fiction dans une situation historique existante pour jouer avec les conséquences possibles.
Nous jouons l’uchronie lorsque les membres de notre expédition se retrouvent aux côtés du Président de Haute-Volta, le jour de l’indépendance, sur les images d’actualité projetées dans les cinémas parisiens. Ou comme lorsque Hemingway décide d’embarquer les rescapés de notre expédition dans son petit avion pour les emmener à la rencontre du militant indépendantiste Félix Moumié, caché dans la forêt équatoriale camerounaise. Ou encore lorsque l’écrivain blessé et alité imagine la fin de l’expédition comme une course poursuite effrénée jusqu’à Pointe-Noire au Moyen-Congo.
L’aventure et ses péripéties au rythme historique précis et juste de la chronique des indépendances, jusqu’à l’exagération, jusqu’à l’événement divergent cher à l’uchronie.

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« Gerboise bleue » devient « Bison 6 »

Sans crier gare, le feuilleton sur lequel nous travaillons depuis trois mois a perdu son titre.

Gerboise bleue. Les deux mots étaient devenus familiers. Leur emploi était quotidien. La relation était intime.

Gerboise bleue est le titre d’un film documentaire qui sortira en sall en février 2009. Nous avons vu le film. Je n’en dirai rien car je n’aime pas dire du mal.

Exit Gerboise bleue, donc. Nous avons opté pour Bison 6. Tout aussi énigmatique. Ancré dans le monde de l’espionnage pour les initiés.

Il va falloir habituer nos bouches à prononcer ces deux nouveaux mots.

Un réalisateur pour « Gerboise bleue »

Nous cherchons un réalisteur pour Gerboise bleue.

Nous sélectionnons et visionnons des films. Nous cherchons une clé qui nous donnerait envie de faire lire le projet.

L’Afrique, Sarajevo, Beyrouth, Buenos Aires, le mélange entre fiction et documentaire, budgets serrés la plupart du temps, équipes réduites, on est bien dans les problématiques de Gerboise bleue
Voir ces films et penser à ces réalisateurs est pertinents, cela fait avancer notre réflexion, notamment sur les spécificités du projet.
La qualité essentielle après laquelle nous courons est une capacité de recul et de mise à distance. De l’humour, de la légèreté, de la désinvolture et de la dérision.

Synthèse des films visionnés

Voici quelques impressions à la volée, synthèse de nos visionnages (nous ne sommes pas toujours d’accord).

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Bombe atomique

Les pays d’Afrique se battent pour leur indépendance, alors que la France tente de négocier le tournant de la modernité.

Symbole de cette modernité affirmée, la première bombe atomique française explose cette même année 1960 à Reggane, nom de code: « Gerboise bleue ».

Nous cherchons une manière de lier le récit que nous écrivons à cet événement. Lier les indépendances africaines à Gerboise bleue.

Pour un autre projet, je revois Stravisky de Resnais. Je note le dernier dialogue, qui lie très élégamment l’expulsion de Troski de France à l’affaire Stravisky. Et je rêve que nous trouvions quelque chose d’aussi efficace pour notre problème.

– Voilà, ils vont expulser Trotski. Mais c’est en France que le sort de la bataille contre le fascisme va se décider. Trotski ne sera pas là. Sans lui, nous allons nous éparpiller. C’est fou quand même, que Stavisky ait provoqué ça.
– Je ne vois pas le rapport.
– Sans Stavisky, pas de 6 février. Sans l’émeute fasciste du 6 février devant laquelle Daladier capitule, pas de gouvernement d’Union nationale. Sans gouvernement d’Union nationale, pas d’expulsion de Trotski. Donc, sans Stavisky…

Quoi qu’il en soit, « Août 1960 » s’appellera dorénavant « Gerboise bleue ».

« Escales africaines »

Il y a bien longtemps, en 1989, Yves Nilly avait écrit un feuilleton pour France Culture intitué « Escales africaines ».

Nous cherchons un nouveau sujet depuis quelques semaines. Nous discutons, revenons sur les thématiques qui nous sont chères.

Yves est venu me rejoindre dans ma campagne ce week-end et il m’a apporté le texte du premier épisode de ce lointain feuilleton.

Au commencement, le ciel était tout proche de la terre. En ces temps, les hommes n’avaient pas besoin de travailler le sol, car quand ils avaient faim, il leur suffisait de déchirer un coin du ciel et de le manger.

Le feuilleton se déroule pendant l’été 1960, en Afrique. C’est l’été de tous les espoirs: en l’espace d’un mois, 12 pays obtiennent leur indépendance.

Nous parlons à batons rompus, en nous promenant sous les arbres. Nous croisons les envies. L’idée de « Août 1960 » (c’est le nom provisoire que nous donnons à cette série) germe.